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    dimanche 8 juin 2014

    Texte 5

    Ca, c'est un texte d'un feuilleton du Collège de La Lune Verte sur le Blog Je Bouquine :

    La lune éclaire subitement la forêt de l’Alpharillo. Les étoiles projettent leur lumière tamisée sur les rivières dont on entend distinctement le gracieux clapotis.  Les sublimes teintes orangées du ciel ne vont pas tarder à disparaître, laissant place au sombre bleu de la nuit. Et sous le ciel nocturne, quelqu’un marche.

    Il marche.
    Ses pas percutent le sol. Il a une démarche un peu saccadée.  
    Comme il n’a pas plu depuis longtemps, la terre sèche se craquèle sous ses pieds.
    Il n’a pas de but pour l’instant. Mais c’est un détail.

    Il marche.
    Il regrette.
    Il regrette d’avoir livré une jeune fille à des gens mal intentionnés. Au fond, il ne sait même pas pourquoi il a obéi à ces monstres. Ni pourquoi il leur a donné les coordonnées précises de son emplacement géographique.
    Parce qu’il a observé en silence ce qu’ils ont fait à l’adolescente. Ils ont appelé ça « effaçage des souvenirs ». Et quand il a vu le résultat, ça lui a fait l’effet d’un couteau planté dans la poitrine. Elle hurlait. Titubait. Et puis elle est partie.
    Elle. Belen. Une jeune fille pour qui il semblait beaucoup compter. Jusqu’à ce jour.
         Si jamais il venait à revoir Belen, il ne pourrait plus la regarder en face. Il serait prêt à tout endurer. Quand bien même elle décidait de ne plus lui adresser la parole ou de le renier. C’est ce qu’il mérite.
    Au fond, il ne mérite que ça.
    Rien de plus.

    Il marche.
    Evidemment, il a eu envie de lui venir en aide. Surtout après ce que lui ont lancé les hommes avant de s’en aller dans un nuage de poussière.
    « Ba, vas-t-en, sale robot, on n’a plus besoin de toi ! Hahaha, regarde sa tête de paumé ! » avaient-ils ricané.
    Maintenant, il se souvient pourquoi il leur a obéi. Ils lui ont promis de le rendre humain. Il se sent tellement bête de les avoir cru. Croire des monstres qui martyrisent une fille.
    Malheureusement, il n’a pas pu la secourir.
    Pour ne pas culpabiliser, il se dit que c’est parce qu’elle est partie trop vite. Mais ce n’est pas vrai. C’est parce qu’il se sentait coupable. Et il se sent toujours aussi coupable.
    Un coupable.
    Un lâche.
    Un robot.

    Il marche.
    Il pourrait se diriger vers cette imposante bâtisse de pierre grisâtre. Le Collège.
    Un endroit qu’il a fréquenté pendant longtemps.
    Mais ce n’est pas un endroit pour lui.
    Il le sait maintenant. Il s’en rappelle distinctement.
    Il a compris que si on le regardait de travers, ce n’était pas parce qu’on était jaloux de lui.
    Il a compris que si on chuchotait sur lui, ce n’était pas pour le complimenter.
    Il a compris que si on s’écartait sur son passage, ce n’était pas parce qu’il était respecté.

    Il marche.
    Il se réfugie dans le seul endroit qu’il aime, qui l’accepte comme il est, qui lui réchauffe le cœur. Un endroit que lui seul connaît.
    Ses rêves.
    Il rêve de ce qu’aurait pu être sa vie s’il avait pu exprimer des émotions, comme tout le monde, s’il avait été  considéré comme une personne normale.
    Il rêve de lui s’il avait sauvé Belen.
    Il rêve d’une histoire où ce n’est plus lui le coupable, une qui se termine bien.
    Il rêve d’un monde meilleur.

    Il rêve tout simplement.

     

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